88 fois l'infini

Il apporte avec lui une vieille valise ayant appartenu à leur père, qui fut écrasant pour Philippe et absent pour Andrew. Il ne sera pourtant pas question de réconciliation entre les deux hommes, les lourds secrets que contient la valise raviveront leur ressentiment, avant de révéler au grand jour les mensonges de toute une vie. Mais à mesure que les masques tomberont, la colère mènera ces deux demi-frères, que tout semble opposer, sur la voie de la reconstruction et du dialogue, tandis que la vérité sur leurs origines, en éclatant, fera se rejoindre la petite et la grande Histoire…

NOTE D’INTENTION
Jérémie Lippmann

« 88 fois l’infini » dévoile une relation entre deux demi-frères d’une rare intensité dramatique. Après plusieurs années sans se voir, Philippe rend visite à Andrew, apportant avec lui une valise ayant appartenu à leur père. Cette visite va raviver d’anciennes rivalités et souffrances trop longtemps tues, et mettre à jour des vérités touchantes et déstabilisantes pour les deux personnages.
J’ai été profondément touché par la subtilité et la précision de ce texte. Le récit intime auquel nous assistons dans « 88 fois l’infini » revêt quelque chose d’universel. Pour ce projet, il me tient à cœur de placer le texte au centre de mon intention artistique, et ainsi montrer le visible autant que l’invisible, ce rapport ténu entre deux frères où les silences pèsent parfois plus que les mots.
« 88 fois l’infini » questionne le rapport à l’identité, à l’histoire que l’on construit mais aussi à l’histoire dont on hérite. C’est le récit d’un déracinement, culturel, familial, affectif, et des bagages que l’on porte avec soi sur le chemin de sa propre existence et de son développement personnel. Que faire des traumatismes passés, des choix qui nous ont été imposés, des décisions prises par ceux qui nous ont précédé et qui influencent notre existence ?
Rares sont les textes qui dépeignent avec autant de sensibilité les émotions masculines, le silence qui les entoure, cette pudeur qui force à taire. « 88 fois l’infini » est le récit de deux hommes, profondément influencés par les femmes qui ont traversé leur vie : leurs mères respectives, leurs épouses. « 88 fois l’infini » est le combat de deux lions qui se font face, dans un combat animal, instinctif. Avec Niels Arestrup et François Berléand, j’irai chercher la sincérité et la vérité la plus brute, l’essence même de ces deux personnages.
Avec mon équipe, j’ai voulu concevoir l’espace scénique comme une arène, un lieu presque neutre dans lequel évolueront les deux acteurs. La lumière sera travaillée en contrastes forts, à l’écoute du combat que se livreront les deux frères qui, dans leurs oppositions mais aussi leurs similitudes, composent les deux revers d’une même médaille.
En allant au plus franc et au plus animal des rapports fraternels, « 88 fois l’infini » est à la fois le portrait de deux hommes en souffrance, mais aussi le récit d’une confrontation. C’est l’histoire de la résilience et du pardon. L’histoire d’une famille, des liens qui se tissent et qui se brisent. L’histoire d’une survie.
« Andrew – Je me demande si, ces dernières années, c’est moi qui suis passé à côté de la vie ou bien elle qui m’a soigneusement évité. »